Le rêve éternel
Bien avant quinze heures, El Teatro était déjà plein à craquer, les allées chargées, et le flux des arrivants continuait. Juste une cérémonie du souvenir, sans plus, pour Noureddine Ben Khedher. Non pas pour ronronner de façon monotone les qualités du militant dans des silences pesants, des trémolos pleurnichards, mais des témoignages sur du vécu : une rencontre un jour, une scène de son quotidien. Juste des mots pour dire. Une cérémonie où la poésie, le chant, le théâtre, la musique, étaient les expressions choisies par tous ceux qui voulaient lui rendre hommage, conformément à sa vision « de la centralité de la culture dans l’œuvre de développement ».
D’abord son épouse, Aicha, a rappelé avec beaucoup d’émotion contenue et de dignité, les moments partagés, sa boulimie pour les vieux livres et revues qu’il allait pêcher dans la vieille médina, ses subites passions pour les collections de tableaux, « toutes ces croûtes » aimait-il à dire, sa constante attention pour inculquer à ses enfants une culture musicale, et ses certitudes concernant le rôle incontournable de la culture dans le progrès social du pays.
Projection d’un court métrage ensuite, film réalisé par Ali Saïdane, évoquant quelques moments de la biographie de Noureddine, faisant surtout état de ses interventions et son leitmotiv sur la culture, aussi bien dans des entretiens privés que dans sa dernière apparition à « l’Initiative Démocratique ».
Puis, cités dans le désordre, les gens du théâtre. Raja Ben Ammar, Ahmed Snoussi, Jalila Baccar, ont lu, chacun à sa façon, sa diction, des poèmes si évocateurs de Noureddine, et rappeler « son amour de la poésie » dit Amel Smaoui.
Pêle-mêle, des voix de partout pour chanter Cheïkh Limam, entre-autres. Amel Hamrouni, Khemaïs Bahri, Jamel Guella, pour interpréter « Ya Bahïya » et « Hallou El Marakeb », les préférées de Noureddine. Et cette inattendue jeune Amel Methlouthi, allure de nymphette, l’assurance et la voix de Joan Baez, venue rendre hommage à Ben Khéder, avec une façon si personnelle d’interpréter Marcel Khalifa.
Et Amel, Khemaïs, Jamel, auxquels s’est joint Ali Saïdane auteur du texte chantent « Fi guélbi Gh’naïya ». Un poème construit sur les rythmes de ces chants populaires, les vrais, si connus de Ali. Des résonances de gasba simple des voix et cet accent inné pour prononcer le « gue » si particulier aux gens du sud et leur façon de prolonger les sons « i » à l’infini : une mélopée vibrante, qui a donné des frissons à tous. Amel a pleuré et raccroché le téléphone lorsque Ali lui avait proposé et lu le texte la première fois, juste quelques jours après le décès de Noureddine.
Une cérémonie d’hymne à l’art. Noureddine rassemble ceux qui, comme lui, pensent à ce rêve éternel des lendemains meilleurs, à des perspectives de lumières.
D’abord son épouse, Aicha, a rappelé avec beaucoup d’émotion contenue et de dignité, les moments partagés, sa boulimie pour les vieux livres et revues qu’il allait pêcher dans la vieille médina, ses subites passions pour les collections de tableaux, « toutes ces croûtes » aimait-il à dire, sa constante attention pour inculquer à ses enfants une culture musicale, et ses certitudes concernant le rôle incontournable de la culture dans le progrès social du pays.
Projection d’un court métrage ensuite, film réalisé par Ali Saïdane, évoquant quelques moments de la biographie de Noureddine, faisant surtout état de ses interventions et son leitmotiv sur la culture, aussi bien dans des entretiens privés que dans sa dernière apparition à « l’Initiative Démocratique ».
Puis, cités dans le désordre, les gens du théâtre. Raja Ben Ammar, Ahmed Snoussi, Jalila Baccar, ont lu, chacun à sa façon, sa diction, des poèmes si évocateurs de Noureddine, et rappeler « son amour de la poésie » dit Amel Smaoui.
Pêle-mêle, des voix de partout pour chanter Cheïkh Limam, entre-autres. Amel Hamrouni, Khemaïs Bahri, Jamel Guella, pour interpréter « Ya Bahïya » et « Hallou El Marakeb », les préférées de Noureddine. Et cette inattendue jeune Amel Methlouthi, allure de nymphette, l’assurance et la voix de Joan Baez, venue rendre hommage à Ben Khéder, avec une façon si personnelle d’interpréter Marcel Khalifa.
Et Amel, Khemaïs, Jamel, auxquels s’est joint Ali Saïdane auteur du texte chantent « Fi guélbi Gh’naïya ». Un poème construit sur les rythmes de ces chants populaires, les vrais, si connus de Ali. Des résonances de gasba simple des voix et cet accent inné pour prononcer le « gue » si particulier aux gens du sud et leur façon de prolonger les sons « i » à l’infini : une mélopée vibrante, qui a donné des frissons à tous. Amel a pleuré et raccroché le téléphone lorsque Ali lui avait proposé et lu le texte la première fois, juste quelques jours après le décès de Noureddine.
Une cérémonie d’hymne à l’art. Noureddine rassemble ceux qui, comme lui, pensent à ce rêve éternel des lendemains meilleurs, à des perspectives de lumières.
Fatah THABET
Le Temps du 29/03/2005
Le Temps du 29/03/2005
2 commentaires:
شكرا على هذا النصّ المؤثّر. تحيّة الى روح الراحل الكبير نورالدين بن خذر، مؤسّس اليسار التونسي الجديد.
Merci! Dommage que je n'ai pas pu y assister!! :(
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